Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1698

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 344).

1698. — À M. THIERIOT[1].
Versailles … 1745.

Je suis à Versailles en retraite, mon cher Thieriot. Je n’y vois personne. Je travaille beaucoup, et rien ne m’y manque que vous. Je brave ici la fortune dans son temple, et je fais à Versailles le même personnage qu’un athée dans une église. Ne m’oubliez pas, quoique je sois retiré du monde.

Lefèvre, notre petit peintre, m’a promis qu’il irait travailler dimanche chez monsieur le lieutenant civil[2]. Si on venait le prendre, ayez donc la bonté, mon cher ami, de l’y mener de très-bonne heure. Si vous pouviez voir monsieur le lieutenant civil avant ce temps, et lui rendre cette lettre cachetée avec enveloppe, je vous serais très-obligé. Écrivez-moi, si votre paresse vous le permet.


À Versailles, ce mercredi matin, à l’hotel de Villeroi.

Les deux airs de tête que M. Lefèvre doit prendre sont à la bataille d’Ivry et au premier chant[3], gravés l’un par Thomassin et l’autre par Desplaces. Ces deux estampes sont sûrement dans la maison de Mme de Bernières ; je les ai laissées ou dans son appartement, ou dans la chambre que j’ai occupée en dernier lieu.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. D’Argourgesde Fleury, lieutenant civil depuis 1710.
  3. De la Henriade. (A. F.)