Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1715

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 352-353).

1715. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
À Paris, ce 29 avril.

Je tremble que nos tristes aventures en Bavière ne déterminent le roi de Prusse à faire une seconde paix. Vous êtes, monseigneur, dans des circonstances bien critiques, et nous aussi. Si cela continue, le bel emploi que celui d’historiographe !

Mon tendre attachement pour vous fait ma consolation.

P. S. J’apprends que tous ces écrits, qui par parenthèse sont de faibles armes quand on est battu, pour donner l’exclusion au grand-duc[1], ne font point un bon effet en Allemagne. On y sent trop que ce sont des Français qui parlent. Il me semble qu’un air plus impartial réussirait mieux, et qu’un bon Allemand qui déplorerait de tout son cœur les calamités de sa pesante patrie ferait une impression tout autre sur les esprits. Pardon ; je soumets mon petit doute à vos lumières, et je vous rends compte simplement de ce qu’on m’écrit.

Il ne m’est rien revenu de mon correspondant qu’une prière du roi de Prusse à la reine de Hongrie de ne point prendre ses vaisseaux sur l’Elbe. Ses vaisseaux sont des bateaux ; mais gare que le roi de Prusse ne fasse d’autres prières !

  1. Voyez page 344.