Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1729

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 365-366).

1729. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
À Paris, le 29 mai.

Malgré l’envie, ceci a du débit. Seriez-vous mal reçu, monseigneur, à dire au roi qu’en dix jours de temps il y a eu cinq éditions de sa gloire ? N’oubliez pas, je vous en prie, cette petite manœuvre de cour.

Je croyais monsieur votre fils à Paris ; point du tout, il instrumente avec vous. A-t-il vu la bataille ? Il se serait mis, avec son cousin[1], à la tête des moutons de Berry. Je le supplie de lire cette cinquième édition, la plus correcte de toutes, la plus ample, et la plus honnête. J’en envoie de cette fournée à je ne sais combien de têtes couronnées. Vous permettez bien, suivant votre bénignité ordinaire, que j’en mette quelques-unes sous votre couvert, aux Valori, aux Aunillon, aux La Ville, à tous ceux qui auraient été honnis en pays étranger si nous avions été battus.

J’en envoie à M. l’abbé de Canillac, et je le remercie de ses bontés, que je vous dois. Mais j’ai bien peur que M. l’abbé de Tolignan et le cardinal Aquaviva[2] ne soient fâchés qu’on leur souffle une négociation ; je veux avoir mes médailles papales, et je vous supplie que M. l’abbé de Canillac traite cette grande affaire avec sa très-grande prudence.

Adieu, monseigneur ; triomphez, et revenez avec le rameau d’olivier.

  1. Marc-René de Voyer, fils du comte d’Argenson. Né en 1722, il était mestre de camp du régiment de Berry en 1745. Voltaire le cite dans le Poëme de Fontenoy, vers 197 et suivants. La Correspondance contient quelques lettres qui lui sont adressées.
  2. Le cardinal Aquaviva, Napolitain, né en 1695, est nommé dans la lettre 1751 avec l’abbé de Tolignan.