Correspondance de Voltaire/1745/Lettre 1761

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Correspondance de Voltaire/1745
Correspondance : année 1745GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 394-395).

1761. — À M. LE MARQUIS D’ARGENSON,
ministre des affaires étrangères.
Le 28 septembre.

Je reçois, monseigneur, votre lettre à dix heures du soir, après avoir travaillé toute la journée à certain plan de l’Europe, pour en venir aux campagnes du roi[1]. Le tout pourra vous amuser à Fontainebleau.

Je vais quitter les traités[2] d’Hanovre et de Séville, pour la capitulation[3] de Tournai. Les Hollandais deviennent des Carthaginois ; fides punica. Je tâcherai de remplir vos intentions, en suivant votre esprit, et en transcrivant vos paroles, qu’il faut appuyer des belles figures de rhétorique appelées ratio ultima regum. C’est à M. le maréchal de Saxe à donner du poids à l’abbé de La Ville.

Vous aurez, monseigneur, votre amplification au moment que vous la voudrez. Mille tendres respects.

P. S. Mme de Colorini (c’est, je crois, son nom), la gouvernante des pauvres princesses de Bavière, attend de vous certaine ordonnance. Je crois qu’elle m’a dit que vous deviez la remettre à Mme du Châtelet. Elle est venue au chevet de mon lit pour cela, et se mettrait, je crois, dans le vôtre, si elle osait.

Adieu, monseigneur heureux les gens qui vous voient !

  1. Il s’agit de l’ouvrage dont Voltaire a déjà parlé dans la lettre 1755.
  2. Le premier de ces traités fut conclu en 1725, le second en 1729.
  3. Voyez, tome XXIII, page 199, les Représentations aux États-Généraux de Hollande.