Correspondance de Voltaire/1746/Lettre 1808

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Correspondance de Voltaire/1746
Correspondance : année 1746GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 438-439).

1808. — À M. DE MONCRIF.
Avril.

Mon céleste sylphe, mon ancien ami, je compte sur vos bontés. Je vous ai cherché à Versailles et à Paris. Je me mets entre vos mains, et aux pieds de sainte Villars[1]. Je vous recommande M. Hardion[2]. C’est peu de chose d’entrer dans une compagnie, il faut y être reçu comme on l’est chez ses amis. Voilà ce qui rend une telle place infiniment désirable. Un lien de plus, qui m’unira à vous, me sera bien cher et bien précieux et, pour entrer avec agrément, je veux être conduit par vous. J’attends tout de la bonté de votre cœur et de l’ancienne amitié dont vous m’avez toujours donné des marques.

Je vous prie de dire à la plus aimable sainte qui soit sur la terre que, quoique la reconnaissance soit une vertu mondaine, cependant j’en suis pétri pour elle. J’ose croire que M. l’abbé de Saint-Cyr[3] ira à l’Académie le jour de l’élection, et qu’il ne me refusera pas ce beau titre d’élu.

Comptez sur le tendre et éternel attachement de Voltaire.

  1. La maréchale de Villars.
  2. Jacques Hardion, écrivain à longues phrases, était un des détracteurs de Voltaire.
  3. Odet-Joseph de Vaux de Giry, abbé de Saint-Cyr, sous-précepteur du dauphin, reçu à l’Académie française en 1741, mort le 14 janvier 1761.