Correspondance de Voltaire/1748/Lettre 1881

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Correspondance de Voltaire/1748
Correspondance : année 1748GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 36 (p. 504).
1881. — À DOM CALMET[1],
abbé de senones.
De Lunéville, 13 février.

Je préfère, monsieur, la retraite à la cour, et les grands hommes aux rois. J’aurais la plus grande envie d’aller passer quelques semaines avec vous et vos livres. Il ne me faudrait qu’une cellule chaude, et, pourvu que j’eusse du potage gras, un peu de mouton et des œufs, j’aimerais mieux cette heureuse et saine frugalité qu’une chère royale. Enfin, monsieur, je ne veux pas avoir à me reprocher d’avoir été si près de vous et n’avoir point eu l’honneur de vous voir. Je veux m’instruire avec celui dont les livres m’ont formé, et aller puiser à la source. Je vous en demande la permission ; je serai un de vos moines ce sera Paul qui ira visiter Antoine. Mandez-moi si vous voudrez bien me recevoir en solitaire ; en ce cas, je profiterai de la première occasion que je trouverai ici pour aller dans le séjour de la science et de la sagesse. J’ai l’honneur, etc.

  1. Augustin Calmet, né près de Commercy, en février 1672, mort le 25 octobre 1757.