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Correspondance de Voltaire/1750/Lettre 2130

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Correspondance de Voltaire/1750
Correspondance : année 1750, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 182).

2130. — À M. FORMEY.
À Potsdam, le 3 octobre.

Monsieur, Dieu vous bénira, puisque, étant philosophe, vous faites des vers[1]. Je voudrais bien, moi qui ai fait trop de vers, être aussi philosophe. Mais, depuis quelque temps, je mets toute ma philosophie à croire que deux et deux font quatre, et que les trois angles d’un triangle sont égaux à deux droits. Je doute de tout ce qui n’est pas de cette évidence, et je le répète sans cesse : Vanitas vanitatum, et metaphysica vanitas[2]. Si quelqu’un est capable de m’éclairer dans ces abîmes, c’est vous.

Je vous remercie de votre livre[3] ; il me paraît que vous défendez votre cause avec une grande sagacité, mais ce n’est pas à moi de la juger.

Je me borne à tâcher de mériter les marques d’amitié que vous me donnez, et à vous assurer de la sensibilité avec laquelle je suis, etc.

Voltaire.
  1. Formey, après une représentation de Rome sauvée, pour laquelle il avait demandé des billets, avait adressé à Voltaire des vers en remerciement.
  2. Ecclésiaste, chap. i, v. 2.
  3. C’était, autant que je puis me le rappeler, mes Pensées raisonnables. (Note de Formey.)