Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2188

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 244).

2188. — À MADAME DENIS[1].
À Berlin, 15 février.

Le marquis d’Adhémar sera donc à Mme  la margrave de Baireuth : je lui ai toujours conseillé de prendre ce parti. Le service des dames est plus doux. J’ai un peu abandonné celui de mon nouveau maître. Je suis toujours trop malade pour aller souper à Potsdam. L’hiver me tue, et je veux donner à Louis XIV le peu de temps que mes maux me laissent.

Je vous avoue qu'en m’amusant à de nouveaux ouvrages, je suis bien fâché de ces nouvelles éditions qu’on fait à Paris et à Rouen de mes anciennes rêveries ; je voudrais en corriger la moitié et anéantir l’autre. D’ailleurs toutes ces éditions sont faites sur d’anciennes copies très-informes. Je vois bien que je n’aurai jamais la consolation d’être imprimé à ma fantaisie. Il faudrait que le public n’adoptât d’un auteur que ce qu’il en adopterait lui-même, après s’être jugé sévèrement : il y aurait moins de livres, et tout n’en irait que mieux.

Je vous envoie un gros paquet sur nos affaires. Adieu. Je vous demande toujours pardon d’être ici.

  1. Éditeurs, de Cavrol et François.