Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2190

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 245).

2190. — À M. DARGET.
À Berlin, 18 février 1754.

Mon cher ami, j’ai compté sans mon hôte, et cet hôte est un diable qui ne me laisse pas compter sur un moment.


Durum sed levius fit patientia
Quidquid corrigere est nefas
[1] !


Peut-être serai-je en état de partir lundi ou mardi. Le Fils de l’homme dit que nous ne savons ni le jour ni l’heure. Je vous supplie de présenter mes remerciements à M. Fredersdorff, pour ses attentions obligeantes dont je profiterai aussitôt qu’il me sera possible. Je ne sais point par moi-même, depuis deux jours, comment va milord Tyrconnell, parce que j’ai gardé le lit : on dit qu’il va mieux ; mais quel mieux ? Mon pis, à moi, est de n’être pas à Potsdam : car, vous m’en croirez si vous voulez, ce n’est pas pour Mme Bock que je suis venu dans ce pays-ci, et que j’ai quitté, à mon âge, ma patrie et mes amis. Ménagez votre santé, mon cher ami, et que le roi conserve la sienne. C’est un bien fort au-dessus de tous les trônes de la terre.

Je vous embrasse avec une extrême impatience de vous voir.

  1. Horace, livre Ier, ode xxiv, v. 19-20.