Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2202
Mon cher ami, ce n’est qu’après les affirmations à moi adjugées, et par moi faites, que j’ai eu la vanité de proposer au juif, au plus scélérat de tous les hommes, de reprendre pour deux mille écus ce qu’il m’a donné pour trois mille ; et j’irai encore plus loin, s’il le faut, pour pouvoir m’approcher de Potsdam. J’ai demandé seulement au roi qu’il daignât me laisser encore ici jusqu’au 4 ou 5 mars. Le temps est bien dur, et, en vérité, l’état de ma santé mérite de la compassion. Mon cher ami, en vous remerciant de la bonté que vous avez eue d’envoyer au Marquisat. Si je peux m’y transporter avant le 4 de mars, l’envie d’être votre voisin précipitera mon pèlerinage. Il faudra regarder cette aventure comme une maladie dont j’aurai guéri. Les petits désagréments passent, l’amitié reste. Voilà pourquoi il faut aimer la vie. Adieu, ami charmant.