Correspondance de Voltaire/1751/Lettre 2206

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Correspondance de Voltaire/1751
Correspondance : année 1751, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 256-257).

2206. — DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE.
Potsdam, 28 février 1751.

Si vous voulez venir ici, vous en êtes le maître. Je n’y entends parler d’aucun procès, pas même du vôtre. Puisque vous l’avez gagné, je vous en félicite, et je suis bien aise que cette affaire soit finie. J’espère que vous n’aurez plus de querelle ni avec le Vieux ni avec le Nouveau Testament : ces sortes de compromis sont flétrissants, et avec les talents du plus bel esprit de France, vous ne couvririez pas les taches que cette conduite imprimerait à la longue à votre réputation. Un libraire Gosse, un violon de l’Opéra[1], un juif joaillier, ce sont en vérité des gens dont, dans aucune sorte d’affaires, les noms ne devraient se trouver à côté du vôtre. J’écris cette lettre avec le gros bon sens d’un Allemand, qui dit ce qu’il pense sans employer de termes équivoques et de flasques adoucissements qui défigurent la vérité ; c’est à vous d’en profiter.

Fédéric.

  1. Travenol.