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Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2338

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 379).
2338. — À M. DARGET.
À Berlin, 27 février 1752, dimanche, jour où vous allez à la messe.

Mon cher ami, je comptais pouvoir venir demain à Potsdam, mais, comme dit l’autre[1], l’esprit est prompt et la chair est faible. Je vous prie de me mander si les exemplaires du Siècle, que Sa Majesté veut bien permettre que je mette à ses pieds, sont pour ses bibliothèques ou pour envoyer à quelqu’une de ses sœurs, à qui il est échu en partage des étincelles du feu de Prométhée dont Frédéric le Grand est légataire universel. Je voudrais bien qu’il me permît d’en faire ma cour à sa famille royale, et d’envoyer moi-même les exemplaires lorsque je commencerai à laisser paraître cet ouvrage. Je souhaite que les prémices soient uniquement pour le roi.

Je viendrai dans mon heureuse cellule le plus tôt que je pourrai. Si le roi amuse encore son loisir, soit en corrigeant son Palladion, dont il peut faire un ouvrage charmant, soit en donnant, dans quelque belle épître, de nouvelles leçons de sagesse et de vertu, j’enverrai chercher le manteau de l’abbé d’Olivet pour venir mettre des s aux pluriels et des points sur les i. Milord Tyrconnell paraît se porter beaucoup mieux. J’attends le moment où je pourrai vous embrasser et revoir le palais de Pharasmane devenu celui d’Auguste. Portez-vous bien, mon cher ami.

  1. Matthieu, xxvi, 41 ; Marc, xiv, 38.