Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2408

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 466).

2408. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

En vous remerciant, cher frère ; j’aime votre exactitude, et je vous suis sensiblement obligé de vos secours. Je ne hais point du tout l’écuyer Coypel[1], mais il ne me paraît pas un Raphaël. Les petites brochures où il a été loué ne peuvent faire sa réputation, et votre livre[2] contribuera à la réputation des bons artistes. Au reste, j’aurais été bien fâché d’acheter un tableau sur la parole de l’abbé Dubos. Il ne s’y connaissait point du tout, non plus qu’en musique et en poésie ; mais il réfléchissait beaucoup sur tout ce qu’il avait lu et entendu dire, et il a trouvé le secret de faire un livre[3] très-utile, où il n’y a de mauvais que ce qui est uniquement de lui.

Mon cher Isaac, je crois que je prendrai incessamment le parti que vous me proposez. En attendant, j’applaudis au digne homme[4] qui aime mieux ennuyer son prochain que le pervertir. Je crois qu’il y réussit. Pour vous, vous vous bornez à plaire. Chacun fait son métier ; le mien est de vous aimer tant que je vivrai.

  1. Ch.-Ant. Coypel, que Voltaire appelle le petit Coypel.
  2. Réflexions critiques sur les différentes écoles de peinture ; 1750, in-12.
  3. Réflexions critiques sur la poésie, la peinture, et la musique.
  4. C’était peut-être Formey.