Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2411
Je ne sais pourquoi, mon cher marquis, les éditeurs mettent parmi les satires ce voyage[1], qui n’est qu’un itinéraire du coche. Je serais encore plus étonné qu’on admirât ce plat ouvrage. Mais tout est précieux des anciens ; on aime à voir jusqu’à leurs fautes. Il y a, d’ailleurs, dans cette méchante pièce, de petits traits qui ont fait fortune.
· · · · · · · · · · · · · · · Credat Judæus Apella.
Non ego ; · · · · · · · · · · · · · · ·
Voilà assez notre devise.
J’ai toujours pensé comme vous sur saint Constantin et sur saint Clovis ; je les ai mis tous deux en enfer, dans la Pucelle[2]. Je combats en vers, tandis que vous battez l’ennemi avec les armes de la raison. Je suis fort de votre avis sur Zosime[3] ; mais je ne peux me persuader que Procope[4] soit l’auteur des Anecdotes. Il me semble que les hommes d’État ne disent point de certaines sottises. Je crois que les Frérons de ce temps-là ont pris le nom de Procope.
Vale, erudite veritatis assertor, superstitionis destructor ; vale, et scribe.