Correspondance de Voltaire/1752/Lettre 2411

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Correspondance de Voltaire/1752
Correspondance : année 1752, Texte établi par Condorcet, GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 37 (p. 467-468).

2411. — À M. LE MARQUIS D’ARGENS.

Je ne sais pourquoi, mon cher marquis, les éditeurs mettent parmi les satires ce voyage[1], qui n’est qu’un itinéraire du coche. Je serais encore plus étonné qu’on admirât ce plat ouvrage. Mais tout est précieux des anciens ; on aime à voir jusqu’à leurs fautes. Il y a, d’ailleurs, dans cette méchante pièce, de petits traits qui ont fait fortune.


· · · · · · · · · · · · · · · Credat Judæus Apella.
Non ego ; · · · · · · · · · · · · · · ·


Voilà assez notre devise.

J’ai toujours pensé comme vous sur saint Constantin et sur saint Clovis ; je les ai mis tous deux en enfer, dans la Pucelle[2]. Je combats en vers, tandis que vous battez l’ennemi avec les armes de la raison. Je suis fort de votre avis sur Zosime[3] ; mais je ne peux me persuader que Procope[4] soit l’auteur des Anecdotes. Il me semble que les hommes d’État ne disent point de certaines sottises. Je crois que les Frérons de ce temps-là ont pris le nom de Procope.

Vale, erudite veritatis assertor, superstitionis destructor ; vale, et scribe.

  1. Le voyage à Brindes, sujet de la cinquième satire du livre Ier d’Horace. C’est au vers 100 qu’est le Credat Judœus Apella.
  2. Chant V, v. 94 et 110.
  3. C’est dans ses Mémoires secrets de la république des lettres que d’Argens parle de Zosime.
  4. Voyez tome XV, page 421.