Correspondance de Voltaire/1753/Lettre 2605

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Correspondance de Voltaire/1753
Correspondance : année 1753GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 82).

2605. — À FRÉDÉRIC IL ROI DE PRUSSE[1].
À Francfort, 26 juin.

Sire, si mes lettres ne sont pas parvenues à Votre Majesté, comme j’ai lieu de le craindre, daignez au moins lire celle-ci. Daignez voir la situation affreuse où est réduite une femme respectable qui n’a rien à se reprocher et qu’on a traitée avec la plus grande violence et la plus grande ignominie. Quelle funeste suite de quinze ans de bontés ! Sire, si j’ai fait des fautes, je vous en demande pardon mille fois. J’oublierai à jamais Maupertuis. Mais au nom de votre humanité, rendez la vie à une femme qui a fait deux cents lieues pour avoir soin d’un malade infortuné : et qu’une mort affreuse, que cette aventure peut lui causer, ne soit pas le prix de sa belle action. Pardonnez-moi, sire, je vous en conjure.

  1. Éditeur, Th. Foisset.