Correspondance de Voltaire/1754/Lettre 2714

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Correspondance de Voltaire/1754
Correspondance : année 1754GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 190-191).

2714. — À MADAME LA DUCHESSE DE SAXE-GOTHA[1].
À Colmar, le 13 mars.

Madame, pardonnez à un pauvre malade languissant, s’il n’a pas l’honneur d’écrire de sa main à Votre Altesse sérénissime. J’ai bien peur qu’elle-même ne soit malade, et que les vents du nord et les neiges ne respectent pas la Thuringe. Dieu fait bien ce qu’il fait ; mais j’oserais prendre la liberté de lui demander un peu plus de soleil. Je compte, madame, mettre ces jours-ci aux pieds de Votre Altesse sérénissime le second tome de l’ouvrage qui est sous votre protection. Je prends auparavant la liberté, et je m’acquitte du devoir, de lui envoyer et de lui soumettre ce dernier hommage par lequel je finis le livre.

Les libraires se hâtent déjà de réimprimer le premier volume. On en annonce trois éditions dans les gazettes. C’est votre nom, madame, qui attire cet empressement du public. Il est vrai que cet empressement fait un grand tort à mon libraire, dont on contrefait l’édition ; mais si l’ouvrage plaît, s’il ne paraît pas indigne de la protectrice à laquelle il est dédié, je me consolerai bien aisément. L’état où je suis, madame, ne me permet guère de lui écrire plus au long. J’aurai fini du moins ma carrière heureusement, puisque mon dernier ouvrage lui aura été consacré.

J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable, madame, etc.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.