Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2870

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 337-338).

2870. — À M. LE CONSEILLER TRONCHIN[1].
De Prangins, 6 février.

S’il est impossible à un étranger de faire une acquisition dans votre pays, M. Mallet veut-il faire avec moi le marché de M. de Gauffecourt ? Voyez, décidez, ordonnez pour moi. Je ne peux me mêler que de souffrir dans mon lit, et de vous remettre une lettre de change dans les mains quand il vous plaira. J’attends vos ordres. Je voudrais bien ne pas manquer les occasions d’une retraite : si celle de Saint-Jean me manque, permettez-moi de recourir à d’autres saints.

Je vous supplie, monsieur, de communiquer le projet à M. Mallet et à M. de Montpéroux, à qui j’en donne avis. Voilà bien de la peine pour mettre trois pelletées de terre transjurane sur le squelette d’un Parisien. Je signifie au territoire de Saint-Jean que, s’il ne veut point de moi, j’irai me faire inhumer ailleurs ; mais je vous signifie, monsieur, que je vous suis attaché à la mort et à la vie, et que je suis pénétré pour vous de la plus vive et tendre reconnaissance.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.