Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2882

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 347-348).

2882. — À M. LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
À Prangins, au pays du Vaud, 16 février 1755.

Il est vrai, monsieur, que j’ai loué pour quelque temps une des plus jolies campagnes du monde auprès de Genève. Je ne sais si j’en aurais pu trouver une aussi agréable auprès de Rome. Mais je n’ai choisi cette campagne qu’en qualité de malade, et parce qu’elle m’approche du médecin en qui Mme Denis dit que je dois avoir confiance. Cette maison est sur le chemin des bains d’Aix en Savoie, où l’on veut me conduire. J’aimerais bien mieux aller à Dijon, jouir de votre amitié et être témoin de tous les avantages que M. de La Marche procure à la ville et aux lettres. Si ma santé peut devenir tolérable, je vous assure que je viendrai à Dijon passer une partie de l’hiver. Je suis tendrement attaché à M. de La Marche depuis mon enfance : ce serait une grande consolation pour moi de le voir encore avant de mourir ; mais je crains bien de n’avoir plus la force de faire des voyages.

Je vous dois, monsieur, les bontés de Mme  la baronne de Donop[2] ; elle m’a fait déjà l’honneur de m’écrire pour m’offrir ses bons offices. Tout le pays où je suis s’est empressé à me donner les marques les plus touchantes de bonne volonté ; mes maladies m’empêchent d’en profiter, mais elles me laissent un cœur bien sensible aux allonlions dont vous m’honorez.

Je vous prie de vouloir bien présenter mes respects à M. le premier président de La Marche. J’ai l’honneur d’être, avec toute la reconnaissance possible et avec les sentiments les plus tendres et les plus respectueux, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. V.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. De la famille Turretin, une des plus considérables de Genève. Elle était femme d’un résident étranger.