Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2903

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 365).

2903. — À M LE PRÉSIDENT DE RUFFEY[1].
Aux Délices, près de Genève, le 4 avril 1755.

Nous avons eu, monsieur, celui qui a fait vos plaisirs à Dijon[2]. Il m’a fait presque oublier mes maux. Les vieux magistrats de Genève sont venus l’entendre dans ma retraite, et la sévérité de Calvin a cédé au plaisir ; c’en serait un bien grand pour moi de vous voir ici, car je désespère de pouvoir venir à Dijon cette année. Accablé de maladies et d’ouvriers, je suis continuellement occupé à me faire un assez joli tombeau ; mais j’ai bien peur qu’il ne soit trop long à faire. On n’a point ici les mêmes secours qu’en France ; on exécute mal et lentement. Je vous supplie, monsieur, de permettre que je présente ici à M. le premier président de La Marche les assurances de ma tendre et respectueuse amitié. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.

  1. Éditeur, Th. Foisset.
  2. Lekain. On assure qu’ayant risqué à Dijon, où il séjourna trois semaines, une intonation nouvelle dans un de ses rôles, il fut sifflé, et remercia le public de la leçon. Il joua dans trois pièces du théâtre de Voltaire, savoir le rôle d’Hérode dans Mariamne, celui de Zamore dans Alzire, et dans Zaire celui d’Orosmane.