Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2929

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 388).
2929. — À M. LEKAIN[1].
Aux Délices, 4 juin.

J’ai reçu, mon grand acteur, le dessin de la décoration chinoise. Comment voulez-vous que je renvoie un morceau dont je suis si content et qui vaut mieux que la pièce ? Je veux le garder, le payer[2]. Si la pièce, malgré sa faiblesse, peut réussir, on en aura un peu l’obligation aux décorateurs, aux tailleurs, beaucoup aux acteurs, et nulle à l’auteur. Je souhaiterais que la part, qu’on nomme d’auteur, se partageât entre vous et ceux qui seront chargés des principaux rôles.

Je vous prie de dire à Lambert que je lui ferai présent du privilège pour l’impression, et qu’il doit se charger d’empêcher qu’on n’imprime furtivement cet ouvrage, comme on imprima Rome sauvée, sur des copies faites aux représentations, tronquées et défigurées. C’est ainsi qu’on a imprimé presque tous mes pauvres ouvrages.

Je n’ai pas envoyé nos Chinois à Mme  de Pompadour ; il y en a une bonne raison, c’est qu’ils ne sont pas faits ; vous n’en avez vu qu’une faible esquisse. J’enverrai dans quinze jours le tableau terminé, bon ou mauvais, à M. d’Argental.

Mme  Denis vous fait ses compliments. Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Il se servit de ce dessin pour jouer l’Orphelin aux Délices.