Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 2976

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Correspondance de Voltaire/1755
Correspondance : année 1755GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 38 (p. 429).

2976. — À M. POLIER DE BOTTENS.
Aux Délices, 8 août.

Vous verrez, mon cher monsieur, quel homme est ce Grasset par la copie[1] ci-jointe. Le dessein de m’escamoter est le moindre de ses crimes ; mais quiconque a inséré, dans le manuscrit qu’il voulait me vendre, les morceaux aussi plats qu’abominables dont je me suis plaint, est cent fois plus criminel que lui. Bousquet se plaint qu’on a mis en prison son associé ; qu’il juge à quel associé il a affaire ! Il l’envoie à Marseille ; Dieu veuille que ceux qui s’intéressent au commerce de Bousquet n’aient pas à s’en repentir !

Voilà un tissu d’horreurs qui me ferait croire que J.-J. Rousseau a raison. Si les belles-lettres ne corrompent pas les mœurs, elles n’ont pas, au moins, rectifié celles des misérables qui ont voulu me perdre par de si infâmes imputations.

On dit que La Beaumelle, et un nommé Tinois, ont fabriqué toutes les plates indignités qui sont dans l’ouvrage que vous avez vu. Faut-il que je sois la victime de ces canailles ! Quand pourrai-je avoir le bonheur de vous voir ?

  1. C’était sans doute quelque certificat, relatif à Grasset.