Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3044
Sur des lettres que je reçois de Paris je suis obligé, mon cher ange, de vous supplier très-instamment de faire réciter la scène dernière du quatrième acte comme je l’ai imprimée, en conservant les corrections que j’ai envoyées, et dont on a fait usage à Fontainebleau. Je sais bien, et je l’ai mandé plusieurs fois, qu’il faut dire :
Nous mourrons, je le sais · · · · · · · · · · · · · · ·
au lieu de
Tu mourras, je le sais · · · · · · · · · · · · · · ·
mais on me mande que les vers
Cependant du tyran j’irrite la furie ;
Je te laisse en ses mains, je lui livre ta vie[1] ;
et
· · · · · · · · · · · · · · · Je m’immole après toi ;
· · · · · · · · · · · · · · · Je t’en donne ma foi, etc.
sur la promesse de mourir, sur des prières de vivre.
… Non erat his locus…
La vie n’est rien pour ces gens-là. Je vous en supplie, mon cher ange, ayez la bonté de penser comme moi pour cette fin du quatrième acte. Otez-moi
Cependant du tyran j’irrite la furie.
Je vous écris en hâte, la poste part ; cette maudite Pucelle d’Orléans est imprimée, et je suis bien loin d’être en état de refaire mes Chinois. Ils iront comme ils pourront ; mais ne refroidissons point cette fin du quatrième acte. Pardon, pardon.
- ↑ Voyez la lettre précédente.