Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3133

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Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 4).

3133. — À M. DUPONT,
avocat.
Aux Délices, 10 mars.

Mon cher ami, le séjour de Colmar n’a point été triste pour moi ; j’y travaillais, je vous voyais, et je vous regrette. J’ai passé l’hiver à Monrion avec notre ami de Brenles. Nous aurions bien voulu que le temps des vacances eût été en hiver, et que vous eussiez pu venir dans cet ermitage. Celui où je suis à présent vous plairait davantage : j’ai trouvé, en arrivant, des fleurs épanouies dans mes parterres.

Comptez que les environs du lac Léman ne sont point barbares ; les habitants le sont encore moins. Il n’y a point de ville où il y ait plus de gens d’esprit et de philosophes qu’à Genève. Ma maison ne désemplit pas, et j’y suis libre. Je suis au désespoir que votre destinée vous fixe à Colmar, car probablement je n’y retournerai pas, et vous ne viendrez point à mes Délices, Il faut que vous souteniez la cause de la veuve, de l’orphelin, et du juif d’Alsace. Courage ! plaidez et aimez les deux Suisses qui vous aiment, et qui font mille compliments à Mme Dupont. Ne nous oubliez pas auprès de monsieur et de madame[1], etc.

  1. M. et Mme de Klinglin.