Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3246

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Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 119).

3246. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 14, octobre.

[2]Quand le dernier des Autrichiens aurait tué le dernier des Prussiens, cela n’empêcherait pas qu’il ne fallût songer à ses petites affaires. Je n’ai besoin, dans le moment présent, que des secours de notre Esculape ; paralytique d’une jambe, mordu de l’autre par mon singe, ne digérant point et ayant souvent la fièvre, je suis un corps très-ridicule : je vous écris comme je peux.

J’ai lu, monsieur, la discussion. Tout ce que je comprends, c’est que nos plénipotentiaires au traité d’Utrecht ne connaissent pas trop l’Acadie, et cela n’arrive que trop souvent. Il faudrait que l’auteur de la discussion eût eu la bonté de faire graver une carte. Mais les cartes seront toujours embrouillées, et les Français ont la mine de perdre à ce jeu, puisqu’ils jouent avec leur pauvre Canada contre quatre cents lieues d’un très-beau pays ; mais ils ne perdront pas grand’chose.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Cet alinéa termine, dans la Revue suisse, une lettre adressée à Tronchin de Lyon, le 21 août 1756, que nous avons donnée sous le n° 3222.