Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3255

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Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 126-127).

3255. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 6 novembre.

Les Anglais enchériront le sucre ; il sera cher à Leipsick ; mais les bottes y seront à bon marché, si on vend la garde-robe du comte de Brühl[2]. On dit que les Russes avancent ; mais je n’ai ni foi, ni espérance en eux. Ils n’ont point d’intérêt à la question, et on n’a pas de quoi les payer. Interim Salomon rit : attendons.

P. S. N’avez-vous pas ri des réponses du roi de Prusse aux articles de la capitulation des fourches caudines ? Il se moque de l’univers, et s’en moquera. Il fera sa paix dans un mois, et ira faire jouer dans Berlin un opéra de sa façon.

On dit le pape mourant[3] ; c’est dommage. Si tous ses prédécesseurs lui eussent ressemblé, il n’y eût point eu de guerres de religion dans le monde.

Qui aurait dit qu’un marquis de Brandebourg aurait renvoyé d’un seul coup un roi de Pologne sur la Vistule, et fait douze mille mendiants sur le Rhône[4] ?

  1. Editeurs, de Cayrol et François.
  2. Voyez la lettre du 9 novembre à la duchesse de Saxe-Gotba (n° 3257).
  3. Benoit XIV.
  4. La guerre de Saxe nuisait beaucoup à la fabrique de Lyon.