Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3262

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Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 132).

3262. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 23 novembre.

Ah ! madame, je ne compte pas sur les Russes ; qui les payerait ? Mais s’ils veulent se payer par leurs mains, ce seront de chers barbares. Dieu aide et bénisse Marie-Thérèse ! Mais je vois contre elle, au printemps, cent cinquante mille court-vêtus de Prussiens, traînant après eux les Saxons pour leur faire la cuisine ; je vois les Hanovriens, les Hessois, et des guinées. Il fallait avoir mieux pris ses mesures ; toutefois j’espère encore en la Providence. Le dernier mémoire de Salomon, avec pièces justificatives[1], en impose beaucoup ; il faut lui opposer des succès ; les raisons ne donnent pas un pouce de terrain. On m’a envoyé bien des papiers ; tous sont inutiles. Vivons doucement. Prions Dieu pour Marie, vous, votre amie, et moi. Si vous savez quelque chose, souvenez-vous de l’ermite qui vous est attaché jusqu’au tombeau.

  1. C’est le comte de Hertzberg, né en 1725, mort en 1795, qui est auteur du Mémoire raisonné sur la conduite des cours de Vienne et de Saxe, et sur leurs desseins dangereux contre le roi de Prusse, avec les pièces originales et justificatives qui en fournissent les preuves ; 1756, in-4°.