Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3294

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 159-160).

3294. — À MADAME DE FONTAINE,
à paris.
À Monrion, 16 janvier,

Ceci est pour ma nièce, ma compagne en maladies ; pour mon neveu le juge et le prédicateur, pour mon petit-neveu, pour M. de Florian, que j’embrasse tous du meilleur de mon cœur. Nous sommes un peu malades, Mme Denis et moi, à Monrion.

Les bons Suisses me reprochent d’avoir trop loué une nation et un siècle qui produisent encore des Ravaillac. Je ne m’attendais pas que des querelles ridicules produiraient de tels monstres. Je crois bien que Robert-François Damiens n’a point de complices ; mais c’est un chien qui a gagné la rage avec les chiens de Saint-Médard ; c’est un reste des convulsions. On ne doit pas me reprocher du moins d’avoir tant écrit contre le fanatisme ; je n’en ai pas encore assez dit. S’il y a quelque chose de nouveau, nous prions instamment M. de Florian, qui n’épargne pas ses peines, de se souvenir de nous.

Songez à votre santé, ma chère nièce ; j’ai fait un fort beau présent au grand Tronchin le guérisseur : il en est très-content.

Voici ce Testament[1] que vous demandez, ma chère enfant ; je vous prie d’en donner copie sur-le-champ à M. d’Argental et à Thieriot. Ce nouveau Testament est meilleur que l’ancien qui court sous mon nom.

  1. Voltaire désigne ainsi son poëme de la Religion naturelle, dans la lettre 3150.