Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3306

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 168).

3306. — À M. LE CONSEILLER TRONCHIN[1].
Monrion, 5 février.

Il me paraît assez sûr que l’Espagne va se déclarer. Le roi de Prusse vient de m’écrire une lettre très-tendre. L’impératrice de Russie veut que j’aille à Pétersbourg. Mais je vous réponds bien que je ne quitterai pas vos Délices.

Il faut que je m’accoutume aux naufrages. Ce ne sont pas seulement mes vaisseaux de Cadix qui périssent ; une barque que j’envoyais de Monrion aux Délices, chargée de bois et de meubles, est allée au fond du lac. Cela ne m’empêchera pas de jouer le vieux bonhomme Lusignan dans Zaïre : ce rôle me convient. On joue tous les jours la comédie à Lausanne ; ce n’est pas comme dans votre ville de Calvin.

Je suis bien fâché de la mort du marquis d’Argenson, ex-ministre philosophe. Il y avait cinquante ans que je l’aimais.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.