Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3463

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 307).

3463. — À M.  BERTRAND,
26 novembre.

Mon cher et humain philosophe, l’aîné Cramer est en Portugal, le cadet court et fait l’amour ; je lui parlerai de souscrire, et je crois qu’il le fera.

César disait que les Français étaient quelquefois plus qu’hommes, et quelquefois moins que femmes. Ils n’ont pas été hommes avec le roi de Prusse.

Il ne faut pas renoncer sitôt à sa religion pour quelques objections spécieuses. On vous a envoyé des pétrifications. Eh bien ! y en a-t-il de plus singulières que le concha Veneris et la langue du chien marin ? Cependant ni les chiens marins ne sont venus déposer leur langue en Calabre, ni Vénus n’y a laissé son bijou. On vous a montré des coquilles. Eh bien ! y avait-il de meilleures huîtres que dans le lac Lucrin ? et tous les lacs n’ont-ils pas pu fournir des huîtres et des poissons ? Que la mer soit venue à cinquante lieues dans les terres, qu’elle forme et qu’elle absorbe des îles, cela est commun ; mais qu’elle ait formé la chaîne des montagnes du globe, cela me paraît physiquement impossible. Tout est arrangé, tout est d’une pièce.


· · · · · · · · · · · · · · · Si quid novisti rectius istis,
Candidus imperti[1].


Intérim, vale, et me ama. Je fais un beau jardin que la mer n’engloutira pas. V.

  1. Hor., lib. I, ep. vi, v. 67.