Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3479

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 322-323).

3479. — DE MADAME D’ÉPINAI À M. GRIMM[1].

Je comptais, mon tendre ami, passer ma matinée avec vous ; mais je suis privée aujourd’hui de cette unique et douce consolation. M. d’Épinai ne fait que de partir, et le courrier en va faire autant. Je n’écris qu’à ma mère, et à vous ce mot pour vous dire que je me porte bien, et que mon sauveur[2], qui est adorable, me rabâche et me gronde presque autant que vous. Il me mène aujourd’hui chez Voltaire pour la première fois. Je n’ai pas voulu me presser de me rendre aux instances continuelles que lui et sa nièce m’ont faites. Il m’a écrit presque tous les jours les plus jolis billets du monde ; j’ai répondu verbalement : je me suis contentée de lui envoyer mon mari, mon fils et M. Linant ; et je me suis tenue tranquille. J’y vais

enfin ; mais il me tarde d’être de retour pour causer un peu librement avec vous… Bon ! l’on m’annonce que le courrier est parti, et voilà ma lettre retardée de quatre jours ! Si vous allez être inquiet, je serai désolée. On m’attend, bonjour donc ; à ce soir.
Le soir.

… J’arrive de chez Voltaire. Je suis fort contente du grand homme ; il m’a accablée de politesses. Ce n’est pas sa faute si nous sommes revenus ce soir en ville : il voulait nous garder. J’ai fort bien soutenu cette journée ; ainsi soyez tranquille. À demain.

  1. Mémoires et Correspondances de Mme d’Épinai. Paris, Charpentier, 1865, 2 vol. in-18.
  2. Le docteur Tronchin.