Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3550

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 392-393).


3550. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Lausanne, 9 février.

La triste lettre est partie. Si on osait, on vous dirait qu’il est à craindre que la France ne fasse la guerre en dupe, et qu’elle ne perde beaucoup d’argent et beaucoup d’hommes pour ne rien gagner du tout, et pour aguerrir et agrandir ses ennemis naturels. Peut-être eût-il mieux valu bâtir des vaisseaux et envoyer dix mille hommes prendre les possessions anglaises ; le gain aurait au moins dédommagé de la dépense.

En vérité, sans les commerçants qui sont occupés sans cesse à réparer les pertes que fait le gouvernement, il y a longtemps que la France serait ruinée. Vous ne me saurez pas mauvais gré de cette petite réflexion.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.