Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3752

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 15).

3752. — DE MADAME LA MARGRAVE DE BADE-DOURLACH.
À Carlsruhe, le 17 janvier.

Monsieur, je commets peut-être une indiscrétion de vous dérober des moments dont vous savez faire un meilleur usage ; mais pouvez-vous penser que je puisse recevoir vos vers[1] charmants, que j’admire en rougissant, et en étouffer ma reconnaissance ? Non, en vérité, je ne le puis. Je ne suis pas digne de votre lyre, monsieur, je le sais, mais réellement de votre amitié. Ne la refusez donc point à l’estime la plus pure et la plus vraie. Je fais de bien sincères vœux pour votre santé. Tout m’y intéresse ; et la promesse que vous me donnez, monsieur, de vous revoir[2] chez nous me les fait redoubler d’ardeur. J’y mets même une telle confiance que je sens déjà toute la joie de pouvoir vous assurer de vive voix de cette considération et de cette estime distinguée que l’on vous doit, et avec lesquelles j’ai l’honneur d’être plus que personne au monde, monsieur, votre, etc.


Caroline, margrave de Bade-Dourlach.

P. S. Le margrave, transporté de joie d’oser espérer de vous revoir cet été, monsieur, et pénétré de vos mérites, m’ordonne de vous tenir compte de ses sentiments, et de vous dire combien il est sensible à ceux que vous voulez bien témoigner pour lui.

  1. Ces vers, et la lettre qui les accompagnait sans doute, nous sont inconnus. (Cl.)
  2. Voltaire, lors de son voyage à Schwetzingen (juillet et août 1758), avait passé par Carlsruhe. (Cl.)