Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3779
Voici, monsieur, un petit certificat[2] qui peut servir à faire connaître ce Grasset pour lequel on réclame très-instamment votre protection. Ce malheureux a fait imprimer à Lausanne un libelle abominable contre les mœurs, contre la religion, contre la paix des particuliers, contre le bon ordre. Il est digne d’un homme de votre probité et de vos grands talents de refuser à un scélérat une protection qui honorerait des gens de bien. J’ose compter sur vos bons offices, ainsi que sur votre équité. Pardonnez à ce chiffon de papier ; il n’est pas conforme aux usages allemands, mais il l’est à la franchise d’un Français qui vous révère plus qu’aucun Allemand.
Un nommé Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, est auteur d’un libelle sur feu M. Saurin. Il est ministre d’un village, je ne sais où, près de Lausanne. Il m’a écrit deux ou trois lettres anonymes sous votre nom. Tous ces gens-là sont des misérables bien indignes qu’un homme de votre mérite soit sollicité en leur faveur.
Je saisis cette occasion de vous assurer de l’estime et du respect avec lesquels je serai toute ma vie, etc.