Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3837

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Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 85-86).

3837. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 2 mai.

Le roi de Prusse m’écrit tous les ordinaires ; mais il ne me fera jamais quitter mes terres pour lui. Qu’il prenne garde que cette année on ne lui prenne les siennes.

Entre nous, il m’a passé par les mains des choses bien extraordinaires depuis peu. Je vous réponds de la plus implacable animosité entre le roi de France et le roi de Prusse. On fera plutôt la paix avec les Anglais, à quelque prix que ce soit, qu’avec lui. Il faut ou que ce prince soit écrasé, ou qu’il écrase. Il me mande qu’il croit que cette campagne sera plus meurtrière que l’autre. Il a jeté le fourreau dans la rivière. À moins d’un miracle, nous voilà ruinés.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.