Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4038

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 292).
4038. — À MADAME D’EPINAI.
Aux Délices, 30 janvier.

Ce n’est point à ma chère et respectable philosophe que j’écris aujourd’hui, c’est à la femme d’un fermier général. Nous la supplions, Mme  Denis et moi, de vouloir bien recommander le Mémoire ci-joint. Nous nous flattons d’obtenir au moins quelque satisfaction. Nous souhaiterions que MM.  les fermiers généraux eussent la bonté de nous faire communiquer le tarif des droits qu’on doit payer pour ce qu’on fait venir de Genève au pays de Gex, avec injonction aux commis de ne point molester nos équipages, et de laisser passer librement nos effets de Tournay, territoire de France, à Ferney, territoire aussi de France. Quant au nommé de Crose[1], préposé par intérim au bureau de Saconex frontière, il ne paraît aucunement propre à cet emploi. La plupart des gardes sont des déserteurs ou gens de très-mauvaise conduite, qui font continuellement la contrebande. Ils ont dévasté nos forêts, et c’est là la véritable source de leurs vexations. Il paraît convenable que messieurs les fermiers généraux changent cette brigade. Presque tous mes gens de campagne sont des Suisses qu’il serait impossible de retenir. Ils prendront infailliblement querelle avec la brigade de Saconex, et je crains de très-grands malheurs.

  1. Je ne sais si c’est le même personnage qui est appelé Rose dans la Requête Au Roi, de novembre 1776 (voyez les Mélanges), et dans les lettres à Mme  de Saint-Julien, du 5 décembre 1776, et à M.  de Trudaine, du 10 du même mois. (B.)