Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4095

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 354).
4095. — À M.  LE SECRÉTAIRE DE L’ACADÉMIE BOTANIQUE
de florence[1].
15 avril

Je devrais vous remercier dans votre belle langue toscane, vous et votre illustre Académie, de l’honneur que vous me faites ; mais un malade qui ne peut écrire de sa main est excusable. L’Académie, en me faisant l’honneur de m’ériger en botaniste, me fournit un motif de plus pour chercher des plantes dans la Suisse. Nos montagnes ont la réputation pour les simples, comme pour les neiges ; mais je crois que les neiges l’emportent de beaucoup. Si j’avais eu à choisir un climat, j’aurais préféré celui du Dante, de Pétrarque et de l’Arioste à tout autre. Mais malheureusement les hommes ne choisissent pas leur patrie comme ils voudraient. J’ai eu toute ma vie une passion pour la Toscane, qui n’a jamais été satisfaite. L’honneur que j’ai d’être associé à quelques-unes de vos Académies me sert de consolation ; mais il est toujours bien triste d’être loin de ce qu’on aime. Les nouvelles bontés qu’on me témoigne, et que je dois à M.  de Lorenzi, redoublent mon attachement et mes regrets. Je présente mes profonds respects et mes remerciements à l’Académie.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.