Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4225

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 505-506).

4225. — À MADAME BELOT[1].
11 auguste.

M. Helvétius et M. La Popelinière, madame, sont à mes yeux des hommes respectables, car ils sont philosophes, et ils font tout le bien qu’ils peuvent. Ils ne présentent point de mémoires au roi pour lui dire qu’ils ont une belle bibliothèque, et qu’ils ont eu autrefois des conversations amicales avec le feu chancelier d’Aguesseau. Il n’en est pas de même de M. Lefranc de Pompignan ; il écrit au roi, il n’est point philosophe, et il fait tout le mal qu’il peut.

J’ai vu enfin les lettres de M. Palissot de Montenoy. Je ne sais pas si la religion et la morale enseignent à faire imprimer les lettres d’un homme sans son consentement ; il a un peu altéré la pureté du texte ; mais il ne faut pas y regarder de si près. Tous ces rogatons me reviennent fort tard, et je n’ai lu aucune fréronade.

Je remercie M. Darget de son souvenir, et je vous prie, madame, de vouloir bien lui dire que je lui suis toujours très-tendrement dévoué. Je ne sais point quel est l’auteur[2] du poëme sur la peinture dont vous me parlez, ni quelle est son aventure. Je ne connais de Sœur du pot[3] que celle de mon village. Au reste, je ne réponds à toutes les calomnies dont on accable les philosophes, et à toutes les accusations ridicules d’irréligion, qu’en faisant bâtir actuellement une église. Je sais bien que cette bonne œuvre me ruine dans ce monde-ci ; mais Dieu me le rendra dans l’autre. Je voudrais pouvoir un jour y entendre la messe avec vous.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Watelet.
  3. Voyez la lettre du 8 août à Thieriot.