Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4328

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 58).

4328. — À MADAME BELOT[1].
10 novembre.

Il y a plus de quinze jours que V. a envoyé à Mme la veuve B. l’histoire du C[2]. Plusieurs de ces paquets, quoique protégés par des intendants des postes, n’ont point été rendus à leur adresse. Si Mme B. a quelque autre débouché, elle n’a qu’à l’indiquer, et elle aura son C. sur-le-champ. Elle fait fort bien de voir M. H.[3] car ce M. H. a du génie, de l’esprit, et un cœur charmant. D’ailleurs la terre de Voré est un plus beau séjour, et plus à portée d’elle que le trou des Délices, qui n’est qu’une chaumière dans une très-belle vue. On n’ose pas se flatter qu’elle daigne venir dans cette chaumière ; on le souhaite seulement, et on s’en reconnaît indigne. Quelques philosophes y viennent de temps en temps. Mme B. me paraît aussi philosophe qu’eux tous. Elle sait que je l’ai prise une fois pour Mme de Sévigné à son style ; mais je n’aurais jamais pris Mme de Sévigné pour elle : car, en fait de raison, cette Mme de Sévigné est une grande caillette. Je présente à Mme B. mes très-humbles et très-sincères compliments.

  1. Éditeurs de Cayrol et François.
  2. Czar.
  3. Helvétius.