Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4343

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 70-71).

4343. — À M.  PIERRE ROUSSEAU[1].
21 novembre 1760.

La personne à qui vous avez écrit, monsieur, est très-sensible à vos attentions et voudrait les mériter ; elle ne manquera pas de vous envoyer, sous l’enveloppe de M.  Naudet, les paquets que vous paraissez désirer, dès qu’elle aura retrouvé les papiers qui vous seront de quelque usage : on ne peut mieux les placer qu’entre vos mains. Les deux chants dont vous parlez furent retrouvés, il y a quelques années, dans le cabinet d’un prince qui seul les avait possédés ; je doute qu’on en ait à Paris des copies fidèles ; je peux vous assurer que personne ne connaît le véritable ouvrage, composé il y a plus de trente ans, retouché depuis dix ou douze, et ensuite oublié entièrement par son auteur.

À l’égard de la petite pièce fugitive dont vous parlez, vous lui feriez une peine extrême de la rendre publique. Quelques curieux, il est vrai, l’ont dans leurs portefeuilles, mais elle est très-défectueuse, et d’ailleurs le sujet qu’elle traite serait très-désagréable à rappeler ; vous êtes très-instamment prié, monsieur, de ne pas souiller un journal utile par une telle misère. On tâchera de vous dédommager par des choses moins indignes de vous. Celui qui a l’honneur de vous écrire vous fait ses plus sincères compliments.

  1. Bibliothèque royale de Belgique, mst no 11583. Communiquée par M.  F. Brunetière.