Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4347

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 73-74).

4347. — À M. GABRIEL CRAMER[1].

Je ne crois pas qu’il soit convenable d’imprimer actuellement des Tancrède pour Paris. Comme j’ai fait présent du privilège de l’édition parisienne à Mlle Clairon et à Lekain, leur libraire serait en droit de crier. Je pense donc qu’il faut n’en tirer que le nombre d’exemplaires que M. Cramer peut débiter en Suisse, en Allemagne, et dans la province.

Lorsqu’on aura débité le dix-huitième volume des Œuvres complètes, on en donnera un dix-neuvième au bout de six mois. Ce dix-neuvième contiendra Tancrède, Zulime, et deux autres pièces, avec quelques petits chapitres assez intéressants.

Voilà, mon cher ami, quelle est ma sage résolution.

Vous pourrez d’ailleurs réimprimer l’Histoire générale quand il vous plaira, en attendant le deuxième volume du Czar, qui ne tardera pas à être entre vos mains dès que j’aurai reçu mes instructions. Tant qu’il y aura, dans mon corps, je ne sais quoi qu’on appelle mon âme, je planterai des arbres ou je ferai rouler la presse, et même quand je serai damné vous aurez de quoi glaner.

Je ne crois point du tout les exagérations que l’on débite à Genève sur Luc et le Cunctateur[2] ; j’attends le Boiteux.

Gardez-vous de mettre mon nom au dix-huitième volume[3], et envoyez-moi deux exemplaires des dernières feuilles pour compléter les deux exemplaires que j’ai ; plus trois exemplaires complets. Vale.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.
  2. Le général autrichien Daun.
  3. De ses Œuvres éditées par Cramer.