Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4497

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 242-243).

4497. — À M.  DE CIDEVILLE.
Aux Délices, 26 mars.

Mon cher et ancien ami, nous sommes tous malades. Nous avons quitté Ferney pour revenir aux Délices, à portée des Tronchin. Mme  Denis se fait saigner, et moi je cherche à faire diversion en vous écrivant. Si on saigne aussi la petite-nièce du grand Corneille, je demanderai que l’on mette quelques gouttes de son sang dans mes veines, si faire se peut, pour la première tragédie que je ferai.

M.  de Chimène est le seul de la maison qui ait résisté à l’épidémie ; il s’était purgé par les Lettres sur Jean-Jacques. Voici un Rescrit de l’empereur de la Chine[1] sur la Paix perpétuelle que ce Jean-Jacques va nous procurer. Assurez-vous de cela, en attendant la diète européane. Ce petit rogaton n’enflera pas beaucoup le paquet. Je voudrais vous envoyer une grande diable d’Épître en vers à Mme  Denis, sur l’Agriculture, que nous aimons tous deux. Si vous en êtes curieux, demandez-la à M.  d’Argental ou à M.  Thieriot ; elle ne vaut pas le port.

Je vous suppose à Paris, sanum et hilarem ; je suis hilaris, mais non sanus : si j’avais de la santé, on verrait beau jeu…

Adieu ; je vous embrasse tendrement. V.

  1. Voyez tome XXIV, page 231.