Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4620

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 378).
4620. — À M.  DE CHAMPFLOUR,
ancien lieutenant particulier, à clermont en auvergne.
Au château de Ferney, par Genève, 30 juillet.

Ayant quitté, monsieur, ma maison des Délices, près de Genève, que j’ai cédée à M.  le duc de Villars[1] j’y ai laissé votre lettre ; mais quoique je ne l’aie pas sous les yeux, elle est dans mon cœur. Je me suis attendri au souvenir de monsieur votre père, et je vous prie de ne pas douter que je ne prenne toujours un vif intérêt à tout ce qui vous regarde. Vous êtes père de famille depuis longtemps ; vous êtes heureux par votre femme et par vos enfants ; vous l’êtes par votre manière de penser : ce sont pour moi autant de sujets de joie ; elle n’est affaiblie que par le grand intervalle qui nous sépare. Je finis ma carrière dans un séjour assez riant, et dans des terres qui ont de beaux privilèges ; il ne me manque que de pouvoir vous assurer de vive voix des sentiments inviolables avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. Honoré-Armand, duc de Villars, né le 4 octobre 1702, reçu en 1734 à l’Académie françaisc, à la place du maréchal de Villars son père ; mort au mois de mai 1770.