Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4717

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 488-489).

4717. — À M. JEAN SCHOUVALOW.
Ferney, par Genève, 24 octobre.

Monsieur, ne nous impatientons ni l’un ni l’autre ; nous avons tous deux la même passion, nous viendrons à bout de la satisfaire. Jusqu’à ce que Votre Excellence ait rejeté mon idée, je persisterai dans le dessein de faire un volume in-4° de Pierre le Grand, et voici comme je compte procéder : j’aurai l’honneur de vous envoyer ce qui a déjà été imprimé, corrigé à la main, suivant vos instructions, avec toute la suite, écrite à demi-page ; et ensuite, me conformant à vos observations pour cette seconde partie comme pour la première, je vous dépêcherai, sans perte de temps, le même volume entièrement corrigé suivant vos ordres. Trouvez-vous cet arrangement de votre goût ? Soyez sûr que vous serez obéi très-ponctuellement. Le Commentaire sur Corneille est un ouvrage immense, et je suis bien faible et bien vieux ; mais je trouverai des forces quand il s’agira de Pierre le Grand et de vous. Les vraies passions donnent des forces, en donnant du courage. Votre Excellence a dû recevoir mes tendres et respectueux remerciements pour Mlle Corneille ; elle joue la comédie comme son grand-père en faisait : les filles des grands hommes en sont dignes. Si vous avez pris Colberg[1], comme on le dit, permettez que je vous fasse mon compliment.

Recevez les tendres respects de votre, etc.

  1. Colberg ne fut pris par les Russes que le 16 décembre.