Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7355

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Correspondance : année 1768GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 135-136).
7355. — À M. PACOU[1],
à versailles.
Au château de Ferney, ce 3 octobre.

Votre Mémoire[2], monsieur, en faveur des morts, qui sont très-mal à leur aise, et des vivants, qui sont empestés, est assurément la cause du genre humain ; et il n’y a que les ennemis des vivants et des morts qui puissent s’opposer à votre requête. Je l’ai fait lire à M. Hennin, résident à Genève ; il est frère de M. le procureur du roi de Versailles ; les deux frères pensent comme vous. Monsieur le chancelier a fait rendre un arrêt du parlement contre les morts, qui empuantissent les villes ; ainsi je crois qu’ils perdront leur procès. J’attends avec impatience un édit qui me permettra d’être enterré en plein air ; c’est une des choses pour lesquelles j’ai le plus de goût. Tant de choses se font contre notre gré à notre naissance et pendant notre vie, qu’il serait bien consolant de pouvoir au moins être enterré à son plaisir.

Je suis en attendant, avec toute l’estime que vous m’avez inspirée de mon vivant, monsieur, etc.

  1. M. Pacou est mort vers 1815, dans les environs de Versailles.
  2. Mémoire concernant le cimetière de la paroisse Saint-Louis de la ville de Versailles, imprimé dans l’opuscule intitulé Mémoire sur les sépultures hors des villes, ou Recueil de pièces concernant les cimetières de la ville de Versailles ; Versailles, Blaizot, 1774, in-8° de quatre-vingts pages.