Correspondance de Voltaire/1768/Lettre 7359
Quoique je sois très-malade, monsieur, l’envie de servir, et l’importance des choses dont il s’agit, me forcent de vous écrire encore, dans l’incertitude si ma première lettre vous parviendra. J’ai déjà eu l’honneur de vous dire qu’on débite à Genève, sous votre nom, un petit livre dont voici le titre : Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de M. de Bury, par M. le marquis de B…, lu dans une séance d’académie, etc.
On trouve à la page 24 le passage[1] que je fais copier, et que je vous envoie. On sent aisément l’allusion coupable qui règne dans ce passage. Le président Hénault est d’ailleurs cruellement outragé dans une autre page[2] de ce libelle. Il y en a plusieurs exemplaires à Paris ; mais il passe pour être de vous ; cette calomnie peut vous faire des ennemis puissants, et vous nuire le reste de votre vie. Le nommé La Beaumelle est noté chez les ministres ; il lui est défendu de venir à Paris ; et, en dernier lieu, M. le comte de Gudane, commandant du pays de Foix, où ce malheureux habite, lui a intimé les défenses du roi de ne rien imprimer. C’est à vous, monsieur, à consulter vos amis et vos parents sur cette aventure, et à voir si vous devez écrire à M. le comte de Saint-Florentin pour vous justifier, et pour faire connaître que ce n’est pas vous, mais La Beaumelle, qui a composé et imprimé cet écrit. J’ai cru devoir à votre mérite et à l’estime que vous m’avez inspirée les informations que je vous donne, et desquelles vous ferez l’usage le plus convenable. V.