Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7517
Je vous adresse, mon cher ami, un Palatin[1] qui est venu graver ma vieille et triste figure, dédiée à Son Altesse électorale. Je crois que c’est un des meilleurs artistes que monseigneur ait dans ses États. Savez-vous bien que je vous écris à mon dixième accès de fièvre ? Je suis tout étonné d’être en vie ; mais, tant que j’y serai, soyez sûr que vous aurez en moi un bien véritable ami.
Nous avons ici un printemps qui ressemble au plus cruel hiver. Je crois que le climat de Florence vaut mieux que celui des Alpes et du Rhin. Les archiducs et les cadets de la maison de Bourbon règnent sur des climats chauds, ils sont bien heureux. Je n’ai jamais eu le courage d’exécuter ce que j’avais toujours projeté, de me retirer dans un coin de l’Italie ; je n’ai jamais vécu que dans des climats qui n’étaient pas faits pour moi. Je vous félicite d’avoir une santé qui vous fait prendre les bords du Rhin pour ceux de l’Arno.
Adieu, mon cher ami ; je vous embrasse bien tendrement.
- ↑ George-Christophe Waechter était graveur de l’électeur palatin ; il dessina à Ferney la tête de Voltaire d’après nature, et en fit une médaille en bronze, en 1770. Cette médaille est une des meilleures que l’on ait faites de Voltaire. (Note de Colini.) — Voyez une note sur la lettre 7693.