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Correspondance de Voltaire/1769/Lettre 7600

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Correspondance : année 1769GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 46 (p. 387-388).
7600. — À M. LE COMTE DE LA TOURAILLE[1].
19 juillet.

Vraiment, monsieur, je ne savais pas l’honneur que vous m’avez fait et l’obligation que je vous ai. Vous écrivez des lettres charmantes à des pédants, et après vous être fait tailler avec tant de courage, vous vous amusez à venger la pauvre innocence opprimée. Vous rendez justice à la mémoire de mon cher oncle, l’abbé Bazin. Je le verrai bientôt, et je lui dirai ce que vous avez daigné faire pour lui ; il y sera sensible. Vous savez que les morts sont bien moins ingrats que les vivants.

Je ne sais pourquoi on s’obstine parmi les vivants à m’attribuer l’Histoire du Parlement. Il est juste que je prenne la liberté de vous confier ce que je pense sur cet ouvrage, dont l’impression est, je vous assure, un grand mystère d’iniquité. Voici la copie de la lettre que j’ai écrite[2] à M. Marin, secrétaire de la librairie. Vous vous êtes fait mon chevalier : vous voilà engagé par vos bienfaits. Ajoutez, monsieur, à toutes les grâces dont tous me comblez, celle de me mettre aux pieds du digne petit-fils du grand Condé.

Comptez, monsieur, jusqu’au dernier moment de ma vie, sur le tendre respect de l’ermite des Alpes.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le 5 juillet.