Correspondance du 20 décembre 1873

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CORRESPONDANCE

Nous publions très-volontiers la lettre suivante que l’on nous envoie d’Italie, et qui a déjà été insérée dans le Roma giornale del mattino :

« Monsieur le Directeur,

Dans l’estimable revue scientifique, publiée à Paris sous le titre : la Nature, on lit, à la date du 19 juillet 1873, une relation du tremblement de terre de Bellune. L’auteur m’attribue la prévision d’un nouveau volcan au milieu des Alpes. Voici ses propres paroles « Ce tremblement de terre semble donner raison au professeur Palimieri, qui prétend qu’un volcan finira par sortir au milieu des Alpes. C’est le voisinage du mont Baldo que le directeur de l’observatoire vésuvien a indiqué pour la place du futur cratère. » Il me semble nécessaire de déclarer que je n’ai jamais songé à un pareil pronostic, qui est bien loin de mes convictions. Dans les conditions présentes de notre planète, il est possible qu’un volcan qui paraissait presque éteint se ranime tout à coup, mais il ne semble guère possible qu’un volcan nouveau jaillisse subitement dans une région qui n’a jamais été volcanique. — On connaît plusieurs volcans qui, après quelques siècles de repos, se sont réveillés, comme cela est arrivé au Vésuve, aux Champs Flegrei, à Santorin, etc. Mais qu’il s’ouvre un nouveau volcan dans un terrain qui n’a jamais été le théâtre d’éruptions, c’est une chose au moins peu conforme à nos idées sur la nature du globe terrestre. « Quand les tremblements de terre, dit Humboldt, persistent dans un pays, les populations prévoient presque toujours l’apparition d’un volcan, mais le pronostic se confirme rarement. » L’histoire, au contraire, nous prouve que le plus souvent les grands tremblements de terre précédaient les grandes éruptions de quelque volcan, quoique placé à une distance notable. »

« Luigi Palmieri. »

Nous remercions l’honorable savant italien de la rectification qu’il a cru devoir adresser à la Nature ; la prédiction qu’il dément, et que l’auteur de l’article sur le tremblement de terre de Bellune, a mise sur son compte, a été annoncés dans un journal italien. C’est sur la foi de la feuille italienne que la phrase précédemment citée a été publiée dans la Nature.