Correspondance inédite de Hector Berlioz/077

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 229-230).
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LXXVII.

AU MÊME.


Paris, 21 juillet 1855.

Mille remerciements pour votre bonne et affectueuse lettre ; je ne pourrai pas vous en écrire une pareille, je suis malade de l’ennui de Paris, de la chaleur, de mille assommantes affaires. J’ai fait tout de suite votre commission. Laval ne vous avait pas expédié le quatuor parce que les corrections n’étaient pas faites ; le graveur l’avait trompé en lui disant qu’elles l’étaient. Cela doit être terminé maintenant, et je pense que vous recevrez bientôt le paquet si vous ne l’avez pas déjà reçu.

J’ai fait une brillante excursion à Londres, où je me case de mieux en mieux. J’y retournerai cet hiver, après une tournée que je projette en Bohême et en Autriche, si nous ne sommes pas en guerre contre les Autrichiens.

Je ne fais en ce moment que corriger des épreuves du matin au soir.

Je vous remercie de m’avoir trouvé pour le Te Deum quelques souscripteurs ; il sera publié très prochainement. On m’a commandé à Londres un petit travail : L’art du chef d’orchestre, qui doit être ajouté à l’édition anglaise de mon traité d’instrumentation revu et augmenté. Cela va m’occuper exclusivement tout le mois prochain.

Louis est ici ; il se remet tout doucement, il se loue avec effusion de vos bontés pour lui et des amis que vous lui avez procurés à Toulon. Depuis mon retour à Londres, je n’ai rien vu, rien entendu ; je ne puis donc rien vous raconter. Je ne connais pas encore les Vêpres de Verdi. Meyerbeer doit être content de son Étoile à Covent-Garden ; on lui a jeté des bouquets comme à une prima donna. Et Gouin n’y était pas ! Bennet et son fils (Ritter) m’avaient suivi à Londres. Après avoir entendu l’adagio de Roméo et Juliette par notre grand orchestre d’Exeter Hall, Bennet, le père, commence à croire que le piano ne peut pas approcher de cette puissance expressive, chose qu’il ne croyait pas auparavant…

Son fils est un admirable et charmant enfant, qui sera bientôt, je le crois, un grand artiste. Il vous a remplacé dans la Fée Mab, en jouant les petites cymbales.