Correspondance inédite de Hector Berlioz/080

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Texte établi par Daniel Bernard, Calmann Lévy, éditeur (p. 234-235).
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LXXX.

À M. ERNEST LEGOUVÉ[1].


Paris, 9 avril 1856.

Mille joies triomphantes, mon cher Legouvé ! c’est superbe ! C’est le plus beau succès, le plus pur, le plus légitime, le plus providentiel auquel j’aie assisté de ma vie. J’ai le cœur gonflé, à en éclater… C’est si beau, un chef-d’œuvre complet ! un chef-d’œuvre interprété par une femme de génie, par une muse, et un chef-d’œuvre échappé, qui plus est, aux dangers de la traduction. Vous avez tous les bonheurs à la fois, un traducteur incomparable, une actrice sublime, un public intelligent et sensible, et une offense vengée…

Je vous chante en mon âme un hymne de gloire dont les fanfares retentiraient jusqu’en Grèce si on l’exécutait.

Nous avons pleuré et frémi, ma femme et moi. Je vous embrasse ; il y avait longtemps que je n’avais ressenti une telle joie !

  1. Après la représentation de Médée, avec madame Ristori.